La loi 21 discriminatoire du Québec pourrait ouvrir un nouveau chapitre de violence

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  • Les lois antérieures ont contribué à une culture où la police assassine des noirs et des indigènes
  • Par Ehab Lotayef, coordinateur de la campagne contre la Loi 21
    Traduction par: Fischer Bernard
    (http://www.fischer02003.over-blog.com/2020/06/all-lives-matter.html)

    Jeudi 25 juin 2020

    Tout est lié. Ce que nous avons vu au cours des dernières semaines, les meurtres de George Floyd au Minnesota, de Rodney Levi et de Chantel Moore au Nouveau-Brunswick, de Rayshard Brooks en Géorgie et de tant d'autres, ne se sont pas produits soudainement et ils ne viennent pas de nulle part. Ce qui a conduit à ces événements tragiques, et à bien d'autres dont nous avons été témoins plus silencieusement au fil des ans, a commencé il y a des décennies, voire des siècles.

    Les lois du passé qui ont fait que les noirs et les indigènes sont des citoyens de seconde classe sont à l'origine de la violence dont nous sommes témoins.

    Même après l'abrogation de ces lois et leur disparition des livres, leur essence reste ancrée dans la culture. Cela se transmet de génération en génération jusqu'à ce qu'il arrive un moment où la société décide qu'elle en a assez et qu'elle éradique de manière décisive les conséquences violentes permanentes de ces lois passées. Cette éradication n'est pas un processus facile et le prix payé jusqu'à ce que cela se produise est énorme.

    Nous nous levons maintenant et nous nous unissons pour éliminer les conséquences des lois passées qui ont conduit certains à croire que la vie des noirs et des indigènes n'a pas d'importance. Mais alors même que nous faisons cela, nous assistons au début de nouveaux cycles similaires à ceux que nous essayons de mettre fin. Des dirigeants tels que Donald Trump, Jair Bolsonaro et François Legault, entament de tels cycles.

    Le premier ministre du Québec, qui nie l'existence du racisme systémique, a effectivement légalisé la discrimination il y a un an cette semaine en adoptant la Loi 21, une loi qui discrimine les personnes qui peuvent être plus qualifiées et mieux équipées pour certains emplois parce qu'elles choisissent de respecter leurs croyances religieuses et parce qu'elles portent des symboles religieux visibles.

    Les musulmans, les juifs et les sikhs, ne sont pas actuellement tués par la police dans les rues de Québec, mais l'histoire indique que la Loi 21, en faisant d'eux des citoyens de seconde classe, pourrait mener à cela dans un avenir pas trop lointain.

    En effet, les enjeux sont insupportablement élevés. Si nous réussissons dans notre lutte contre la Loi 21, nous sauverons des vies qui pourraient autrement être perdues à cause du racisme dans des décennies, en 2050 ou 2070. Si nous faiblissons ou cédons maintenant, nous serons responsables de ces morts futures.

    La lutte pour les droits et l'égalité ne concerne pas seulement un groupe de personnes défini par leur couleur de peau, leur origine ou leur croyance. Ce n'est pas non plus un combat contre un groupe de personnes en particulier. N'importe qui peut devenir l'agresseur ou la victime. Personne n'est libre si nous ne sommes pas tous libres et il n'y aura pas de liberté tant que nous ne serions pas tous égaux.

    Black Lives Matter ne signifie pas, et n'a jamais voulu signifier, que seules les vies des noires comptent. Cela signifie que la vie des noirs est tout aussi importante que n'importe quelle autre. Cela signifie que, lorsque les victimes sont noires, nous nous levons ensemble et nous élevons la voix avec Black Lives Matter. Cela signifie que, lorsque les indigènes sont ciblés, nous crions de tous nos poumons Indigenous Lives Matter. Cela signifie que, lorsqu'un groupe est attaqué ou mis en danger, nous affirmons que leurs vies et leurs droits sont importants.

    Le seul moyen de sortir de ces cycles de discrimination et de racisme est de les arrêter dès qu'ils commencent, avant qu'ils ne nous coûtent douleur, souffrance et pertes de vie. En ce qui concerne la Loi 21, nous sommes au début d'un de ces cycles. Il est temps de l'arrêter.